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Mot de la directrice

Fondé en 1993, le Festival interculturel du conte de Montréal fête cette année son trentième anniversaire. Selon la tradition, nous célébrons donc nos noces de perle.

Comme les perles, nées de vulgaires huîtres, les contes ont des origines tout aussi simples et populaires ; transmis de génération en génération, ils nous parviennent dans un langage oral qui n’en est pas moins empreint de sagesse et de poésie.

On dit des perles qu’elles chassent le poison, les démons et la mélancolie. Elles guériraient même les maux d’yeux ! Or, depuis toujours, les contes ont un pouvoir rassembleur et régénérateur. Un jour, un chauffeur de taxi m’a raconté que pendant la guerre au Liban, un ami de la famille venait tous les soirs raconter dans le noir des récits qui duraient toute la nuit. Pendant ces quelques heures, la guerre et le bruit des bombes s’estompaient, et la famille se réfugiait dans l’imaginaire, dernier refuge des sans-espoir.

En Chine, on plaçait des perles dans la bouche des cadavres, afin de leur permettre de faire le voyage jusqu’au royaume des morts. Les contes traversent aussi le temps, font un pied de nez à la mort et deviennent ainsi les mémoires vivantes de l’humanité.

On raconte que les dragons gardaient souvent une perle dans leur gosier, et que les chevaliers qui osaient affronter une de ces bêtes couraient la chance de gagner la perle à force de courage et de bravoure. Comme ces chevaliers, les artistes du conte tentent d’extraire de leurs récits cette perle qui donne éclat, couleur et sens à l’existence.

On dit des perles qu’elles sont nées des larmes du dieu de la lune. Ces gouttes nacrées tombées du ciel nous rappellent que de la souffrance et de la tristesse peut naître la beauté.

Cette année, nous célébrons l’art du conte ; son pouvoir guérisseur et rassembleur ; sa capacité à faire reculer la mort pour offrir aux êtres humains une forme d’éternité. Nous affirmons la force des liens qui nous unissent et la richesse de notre diversité, fermement convaincus que cette joie et cette vitalité opposent une forme de résistance à l’isolement et au sentiment d’impuissance qui marquent nos vies postpandémiques.

Bon festival !

Stéphanie Bénéteau, directrice générale et artistique

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